Les paysans du XXIème siècle n’ont pas inventé l’agroforesterie. Au fil des siècles, les paysages du Pays Basque ont été façonnés par les paysans. Selon les besoins de la population, certaines parties du territoire ont été déboisées, d’autres gérées sous forme de landes boisées, avec des arbres à faible densité gérés en têtard pour produire du bois, des fruits et de l’herbe sur le même espace. Ces dernières décennies en revanche, de nombreuses haies et arbres isolés ont été arrachés dans les zones les plus productives, tandis que la forêt recolonise peu à peu les zones les plus escarpées. Ces différents paysages arborés ont donc été dessinés par les forestiers et les paysans, tantôt pour produire du bois de chauffage ou du bois d’œuvre, tantôt pour alimenter les hommes et le bétail.
Les anciens ne plantaient pas des arbres pour la biodiversité mais pour répondre à des besoins pratiques : préservation des sols en bord de cours d’eau, production de bois et de fruits, fabrication de petit matériel, abris contre le vent, le froid ou le soleil, parcage des animaux… Les arbres étaient disposés astucieusement dans l’espace, isolés, en ligne ou regroupés, en fonction des réseaux hydriques, de la pente, du soleil, des vents dominants ou encore pour délimiter les propriétés.
Les paysans ont même sélectionné des essences et variétés adaptées à leurs besoins. On retrouve de vastes étendues de chêne pédonculé et de châtaignier au Pays Basque. Pourtant, sans la main de l’homme, on pourrait retrouver du chêne sessile à la place du chêne pédonculé, ainsi que par endroit, du hêtre à la place du châtaignier. En effet, ces essences ont été sélectionnées et multipliées par les paysans, car elles produisaient des fruits plus intéressants pour nourrir les animaux et toute la famille. Les éleveurs avaient aussi planté du frêne à proximité des bordes, afin de nourrir le bétail avec ses feuilles fraîches ou séchées pour l’hiver, et bien sûr, des arbres fruitiers à proximité des maisons.