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Autonomie énergétique et alimentaire des fermes – bilan du séminaire

avril 14, 2023 / BY EHLG / EHLG

« Autonomie énergétique et alimentaire des fermes »… particulièrement d’actualité, la thématique de l’autonomie était au centre des débats, vendredi 7 avril, lors du séminaire « Sur les chemins de la transition » organisé par EHLG. Allande, Erramun, Txomin, Iñaki et Ramuntxo sont venus témoigner de la réalité de leurs fermes, nous les remercions chaleureusement !
Sans confondre « autonomie » et « autarcie », la conjoncture encourage les paysannes et paysans à valoriser au mieux les ressources présentes sur la ferme (fourrage, bois, etc.) afin de gagner toujours plus d’autonomie, aussi bien technique, qu’économique ou décisionnelle. Et à chercher des solutions, individuelles ou collectives, quitte à briser les codes avec par exemple l’absence de matériel sur la ferme ! Passées les portes du fenil, quid de l’autonomie à l’échelle du territoire ?
Article Laborari n° 1468, 14/04/2023
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L’autonomie des fermes revêt plusieurs dimensions

Comment gagner en autonomie sur la ferme ? C’est autour de cette thématique qu’Euskal Herriko Laborantza Ganbara (EHLG) a organisé, le vendredi 7 avril, son troisième séminaire “Sur les chemins de la transition”. Séchage en grange, système à l’herbe, charges de mécanisation, production d’énergie : cinq paysans sont venus témoigner de leurs réflexions ainsi que sur leurs actions mises en place pour tendre vers plus d’autonomie sur leur ferme. En guise d’introduction, Daniel Barberarena, paysan à Iholdy, est d’abord revenu sur les multiples dimensions de l’autonomie paysanne, une des six pétales de l’agriculture paysanne. “Il y a l’autonomie décisionnelle qui consiste à être maître de ses choix sur la ferme, l’autonomie financière ou le fait d’être par exemple le moins dépendant possible des banques, l’autonomie technique, l’autonomie énergétique et enfin l’autonomie fourragère et/ou alimentaire”. Loin de l’idée d’un “replis sur soi”, la question de l’autonomie se traduit ainsi par la capacité à pouvoir faire le choix du système de production en fonction des ressources disponibles, tout en veillant à l’intérêt collectif. À l’échelle du territoire, il s’agit de miser sur la complémentarité des différentes zones de production d’un territoire, de sorte à les “mettre en musique” de façon cohérente.

Autonomie fourragère

À la sortie d’une saison marquée par la sécheresse, la question de l’autonomie fourragère a pris une place centrale dans les débats.

Éleveur de brebis laitières en bio à Arrast-Larrebieu, Allande Davant a présenté son système de séchage en grange. “Cet outil me permet d’avancer la période de coupe de foins, pour pouvoir faire les regains avant le pic de sécheresse” explique-t-il. Installé sur 53 hectares et transhumant l’été, il est désormais autonome en fourrage, en produisant lui même ses compléments alimentaires (maïs, soja etc.). Concernant la pertinence de mettre en place un séchage en grange individuel, selon lui “il faut rester sur des projets simples”. Son projet a coûté 150 000€, subventionné à hauteur de 40%. Paysan à Mendionde, Ramuntxo Oteiza a lui opté pour un séchoir en grange collectif, avec pour but de “mutualiser les frais”. Ce projet a vu le jour en 2017. Le financement a été pris en charge par la CUMA et regroupe actuellement six paysans. “C’est un système de séchage en vrac, divisé en quatre cellules. Trois d’entre-elles reçoivent du foin et une de la luzerne. Chacun rentre son foin qui est mélangé aux autres et récupère à la sortie la quantité qu’il a amenée” précise le paysan. Ce séchoir implique une gestion commune des surfaces fourragères, que ce soit sur le plan technique, comme sur le calendrier de coupe. L’année dernière, ils ont fait sécher 350 tonnes de fourrages, mais cette année, en faisant la première coupe mi-avril, ils espèrent revenir aux niveaux de 2021. Que ce soit au niveau individuel ou collectif, le séchage en grange apparaît comme une solution cohérente pour gagner en autonomie. Il reste que plusieurs questions sont en suspens, comme la façon de concilier élevage extensif et fauche précoce.

Valoriser les ressources

Le chemin vers l’autonomie passe également par une meilleure valorisation des ressources disponibles sur la ferme.

Installé sur 30 hectares SAU à Gamarthe, auxquels il faut ajouter six hectares de forêt et six de fougeraie, Iñaki Berhokoirigoin, témoignait de la manière dont il utilise ces “atouts”. L’éleveur de vaches laitières a installé une chaudière à bûches. “Elle est connectée à la maison d’habitation mais aussi à la fromagerie. Hormis l’étape de la pasteurisation, on fabrique tous nos fromages grâce à cette énergie”. Selon lui, “le bois est le moyen le plus économique, même s’il demande beaucoup de travail”. Avec quatre paysans, ils ont aussi investi dans une moto-faucheuse pour récolter la fougère, qu’il utilise comme litière.

Enfin, Erramun Etxekopar, éleveur de vaches laitières à Gotein a expliqué son travail de valorisation des prairies. “Pour le pâturage, je fais des rotations sur cinq hectares, ce qui me permet de réserver 10 ha pour les foins”. Il est autonome à 70% et en alternative aux engrais chimiques, il optimise son fumier (compostage, bâche) et il met de la chaux sur ses prairies. Pour lui, une autre manière de maîtriser ses charges est de réduire ses frais de mécanisation. Des propos qui rejoignent ceux de Txomin Idiart, producteur de fromage de brebis qui, à défaut d’être autonome en fourrage, a fait le choix de ne pas investir dans les engins mécaniques, pour “garder une relative autonomie vis-à-vis des banques”. “En faisant faire les travaux mécaniques, j’économise tout en libérant du temps pour d’autres travaux” souligne l’éleveur. Le séminaire a ainsi mis en évidence les multiples facettes de la question de l’autonomie, pour tendre vers une agriculture plus résiliente.

 

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