Euskal Herriko Laborantza Ganbara accompagne une quinzaine de démarches collectives locales qui ont souhaité être aidées à se structurer. Leurs dénominateurs communs : le souhait de valoriser des produits et races locales, créateurs de valeur-ajoutée au Pays Basque, de relocaliser l’économie et la consommation alimentaire, d’améliorer le revenu de leurs paysan.nes.

Depuis 2005, cet accompagnement a activement contribué au développement de nouvelles filières. Ces collectifs illustrent la volonté et la dynamique collective paysanne au Pays Basque fondée sur les valeurs de l’agriculture paysanne. Chacun d’entre eux évolue à leur rythme, avec la perspective d’améliorer leur organisation, la qualité de leur production, la commercialisation, la communication…

Voici leurs portraits.

Le canard Kriaxera

Le Kriaxera est un canard de race locale et rustique. D’une souche à croissance lente et utilisée pour produire des mulards à gaver ou à rôtir, il se différencie par un élevage plus long sur des parcours herbeux. Le canard Kriaxera, aujourd’hui reconnu officiellement comme race à part entière, a bien failli disparaître face à l’expansion des races industrielles, mais la persévérance de certains producteurs a payé.

Accompagné conjointement par EHLG et le Conservatoire des races d’Aquitaine, l’association de conservation et de développement du canard Kriaxera a pour principal objectif d’assurer la conservation de l’espèce.

Un programme de reproduction a été mis en place dans un réseau de fermes volontaires. Les canards reproducteurs ont été dispatchés sur plusieurs lieux pour garantir la survie de la race. Plus récemment, les producteurs ont mobilisé leurs efforts afin de mettre sur pied un élevage conservatoire qui permettra de maintenir à flot la filière, si jamais un nouvel épisode de grippe aviaire se présente. Le bâtiment, situé à Aroue, abrite aujourd’hui 300 canes et canards Kriaxera purs.

Le collectif d’éleveur souhaite à terme créer une véritable filière de qualité dans le but de protéger le mode d’élevage propre lié à cette race avec un cahier des charges spécifique, garantissant des conditions de production et de transformation de qualité.

Erle beltza, l’abeille noire du Pays Basque

Le Conservatoire de l’abeille noire du Pays Basque, créé en 2012, compte plus de 90 adhérents dont 7 professionnels. L’association œuvre pour la sauvegarde et le développement de l’abeille noire au Pays Basque. Son premier objectif est de diffuser la race d’abeille noire sur l’ensemble du territoire pour lutter contre la pollution génétique causée par les abeilles hybrides importées. Pour cela, l’association propose à ses adhérents de se fournir en abeilles noires. Les reines sont issues du travail d’amélioration génétique mené par Erbel garantissant ainsi la pureté de l’essaim.

Accompagné par EHLG pour développer la filière, le conservatoire a multi- plié ses champs d’actions. Il propose des cellules royales et des essaims d’abeilles noires à ses adhérents ainsi que du matériel à la location. En 2024, 79 essaims ont été diffusés sur le territoire et près de 150 cellules royales ont été produites. Ces chiffres sont en baisse par rapport à l’année précédente, dû à la pression exceptionnellement importante du frelon asiatique et des conditions météorologiques qui ont nettement ralenti la production et la bonne fécondation des reines vierges.

L’association propose différentes formules de formation avec un rucherécole pour s’initier à l’apiculture et des formations techniques ponctuelles sur des sujets tels que la lutte contre le varroa, la production d’essaims, etc. Côté communication grand public, l’association dispose d’un site internet, est active sur les réseaux sociaux, anime des chroniques pour les radios locales et intervient dans les écoles du territoire. Afin de vulgariser son travail et l’ouvrir au plus grand nombre, elle participe au concours de miel de Lurrama et organise au printemps la journée de l’abeille noire.

L’orge brassicole du Pays Basque

Euskal Herriko Laborantza Ganbara accompagne depuis plusieurs années un groupe de paysan.nes et de brasseurs locaux pour constituer une filière locale d’orge brassicole-bières artisanales locales. Objectif : augmenter la valeur ajoutée sur les fermes dans une logique de relocalisation de l’économie et de la consommation.

EHLG apporte un appui technique au niveau de la production d’orge. Des essais variétaux ont été conduits, sur des parcelles de paysans volontaires, et comparés pour sélectionner des variétés adaptées au territoire. Un travail particulier a été entrepris sur
la qualité du grain, depuis la moisson jusqu’au maltage. L’orge récolté – 10 tonnes en conventionnel en 2024 – a été stocké chez des paysans avant d’être malté.

Fin 2024, la filière est quasiment constituée, les règles de production établies et 17 hectares d’orge supplémentaires ont été moissonnés.
Le cahier des charges, qui engage les 3 maillons de la filière (paysans, malteur, brasseurs) vient clarifier le zonage, le mode de production et de répartition des surfaces entre agriculteurs, le partage de la valeur ajoutée au sein de la filière, la proportion minimale de malt local à respecter dans les bières, etc. Les 6 brasseurs de la filière ont fabriqué de la bière avec le malt d’orge local de 2021 et 2022. Les retours après dégustation sont très encourageants.

Cette année la toute jeune filière poursuit sa structuration et recherche de nouveaux producteurs. Si vous souhaitez diversifier vos cultures, rapprochez vous d’EHLG.

Les acteurs de la filière devant la nouvelle malterie, à Saint-Martin-d-Arberoue, l’unique au Pays Basque Nord

La pomme du Pays Basque

Ces 2 dernières années, les producteurs de pommes à cidre du Syndicat des cidres du Pays Basque Nord – Iparraldeko sagarnoak n’ont pas chômé. Après avoir créé leur association afin de mener les discussions pour intégrer l’AOP « Euskal sagardoa/sidra del País Vasco, cidre du Pays Basque/Euskal sagarnoa », un travail important entre les producteurs du Pays Basque Nord et Sud a donné lieu à la réécriture du dossier de demande d’AOP. Ce travail a mené au dépôt d’un projet auprès de l’INAO fin d’été 2024 pour une AOP transfrontalière « Euskal sagardoa/sidra del País Vasco, cidre du Pays Basque /Euskal sagarnoa ».

Mais les producteurs normands ont fait part de leur opposition à ce projet, ce qui a donné lieu à la réécriture du document et une évolution du cahier des charges. Le dossier est aujourd’hui à Bruxelles en attente d’une réponse. Dans le cadre de l’adhésion des pro- ducteurs de pommes pour la future AOP Euskal sagardoa, des visites de vergers ont eu lieu cet été afin de dynamiser la filière et d’accompagner les producteurs de pommes bien souvent amateurs. Aujourd’hui, il souhaite systématiser et professionnaliser l’aide technique pour avoir une connaissance précise de ce qui existe déjà, caractériser les variétés de pommes pour augmenter la production et faire croître la filière (lire aussi Izar Lorea n°131).

Gaztaina, la châtaigne du Pays Basque

EHLG aide depuis 8 ans l’association Gaztaina à structurer la filière châtaigne sur l’ensemble du territoire. 36 adhérents 2 font avancer le projet de manière très concrète afin d’insérer la castanéiculture dans les systèmes en agriculture paysanne. La structure souhaite impulser une dynamique économique créatrice de valeur ajoutée grâce à une production de qualité et encourage la création de micro-outils de transformation collectifs à échelle communale (par exemple la Cuma Elgarrekin de Mendionde). En 2024, l’association a travaillé sur le phénotype des arbres et variétés localement présentes et intéressantes pour les producteurs. 32 arbres souches ont été identifiés et décrits. Des échantillons ont été prélevés pour des analyses génétiques. Ces résultats permettront de connaître les espèces dominantes et de vérifier  s’il existe des variétés pures sur le territoire. En complément, une étude approfondie des fruits via des analyses organoleptiques a permis de mettre en place un protocole qui vise à choisir sur quelles variétés les castanéiculteurs veulent se diriger.

Côté terrain, les choses ont aussi bien avancé. L’association a mis en place pas moins de 3 vergers conservatoires et à greffons sur des parcelles communales mises à disposition par les communes de Bidarray, Hélette et Hasparren afin de pouvoir fournir des greffons à ses adhérents. Des personnes référentes s’assurent du bon entretien des parcelles. Deux autres vergers ont été plantés dans le courant de l’hiver 2025 à Macaye et Mendionde.

Attachée à la transmission des savoir-faire sur les méthodes de production de la châtaigne, l’association a proposé 2 formations en 2024 sur la conduite de châtaigneraie et sa gestion sanitaire. La structure vient de se doter d’un site Internet et souhaite cette année avancer sur un nouveau projet de mise en place d’une filière en frais.

En février dernier, une vingtaine de châtaigniers ont été plantés sur le massif du Baigura, avec l’aide des élèves de l’ikastola et de l’école primaire de Mendionde. 

Et aussi …

Les 25 éleveurs de vaches Pirenaika regroupés au sein de l’association Iparraldeko Behi Pirenaika poursuivent leur travail afin de développer la race en Iparralde. 18 d’entre eux sont engagés pour la création d’une filière qualité, dans une logique de production autonome avec une race bovine rustique qui valorise les espaces naturels. La commercialisation de cette viande se fait via la toute nouvelle marque Harpea.

Les filières animales autour de la chèvre des Pyrénées, de la Sasi Ardi et de la Betizu poursuivent leurs structuration et développement avec
l’aide d’EHLG.

Le saloir de Sauguis, Etxe Gazna, outil collectif d’affinage de fromages fermiers de brebis de races locales s’est agrandi et a créé une structure de vente collective de fromages, répondant ainsi à un réel besoin en Soule. EHLG poursuit son accompagnement notamment sur les aspects juridiques. Enfin les filières pain et viande Herriko sont aujourd’hui bien implantées et reconnues sur le territoire.

Herriko Ogia recherche d’ailleurs des paysan.nes intéressé.es pour intégrer la filière et produire du blé panifiable. EHLG poursuit son accompagnement technique en suivant les cultures de blé et le stockage des récoltes. Elle suit aussi les acteurs de la filière Herriko Haragia dans la gestion, la traçabilité et la communication de la filière.

Ils sont autonomes !

Des collectifs accompagnés durant plusieurs années par Euskal Herriko Laborantza Ganbara sont aujourd’hui totalement autonomes. Ils ont permis de créer des emplois localement.

C’est le cas du collectif Xixtroak qui regroupe une vingtaine de fermes du secteur d’Hasparren et des alentours. Les paysan.nes proposent des livraisons de leurs productions fermières à domicile et sur 20 points de collectes, au Labourd. Avec l’aide d’EHLG, le collectif créé en 2014 s’est structuré, a mis en place un site de vente en ligne et embauche aujourd’hui un salarié.

En Amikuze, la coopérative Nouste Ekilili est aussi un bel exemple de progression vers plus d’autonomie sur les fermes. Créée fin 2009, elle regroupe 17 fermes qui produisent et commercialisent collectivement de l’huile alimentaire de tournesol et de colza, à partir des 55 hectares qu’elles cultivent. L’intérêt pour ses adhérents est double : renforcer l’autonomie protéique de leurs exploitations (apports en protéines pour les troupeaux) et diversifier leurs revenus. La coopérative a salarié une personne qui prospecte des clients, notamment en restauration collective.

De son côté, l’association Xapata a acquis suffisamment d’autonomie pour pouvoir embaucher un salarié, après une dizaine d’années d’accompagnement. La structure a déposé une demande de reconnaissance en AOP de la cerise d’Itxassou auprès de l’INAO. Une commission d’enquête est en cours.

Plus d’informations >>

Pour assurer sa mission d’accompagnement auprès de ces divers collectifs, Euskal Herriko Laborantza Ganbara reçoit l’appui financier de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, da la Région Nouvelle Aquitaine et de la Communauté d’Agglomération Pays Basque.